Ces dernières semaines, j’ai reçu des appels de travailleurs qui se sentent confus et profondément perturbés par leurs actions ou celles de leurs collègues qui ont suscité des interrogations ou qui ont clairement transgressé leurs convictions morales profondes. Dans d’autres cas, il y a eu un conflit au sujet du comportement immoral ou contraire à l’éthique d’autres personnes. Il y a préjudice moral lorsque nos actions ou les actions d’ un collègue remmettent en cause ou transgressent clairement nos valeurs éthiques ou morales.
Quels sont les symptômes et qui est plus à risque?
Ces cas sont fréquemment soulevés par les professionnels membres des corps organisés que j’ai eu le privilège de servir comme leur thérapeute. Il s’agit d’un cas de préjudice moral qui, du moins selon mes interlocuteurs, se manifeste par des symptômes d’anxiété, de colère ou de tristesse constantes, de culpabilité parfois, de mécontentement à l’égard d’eux-mêmes ou de leurs collègues, d’impact sur leur sommeil et leur humeur, aggravé par des comportements de rumination.
Bien que non classé par le DSM5 parmi les troubles mentaux et ayant plus d’affinités avec le
trouble lié au stress post-traumatic (TSPT), le préjudice moral s’inscrit dans un continuum allant des défis moraux (ou dilemmes éthiques), qui peuvent être source de frustration, aux facteurs de stress moral, qui peuvent être parfois pénibles, et aux événements moralement préjudiciables, qui peuvent rester dans l’esprit du professionnel et perturber ses croyances et son système de valeurs.
Ces événements portent atteinte à la conscience ou à la boussole morale d’une personne et
peuvent être douloureux, voire traumatisants.
Les professionnels exposés aux traumatismes, tels que les militaires, les policiers, les
professionnels de la santé, y compris les psychiatres, psychologues, psychothérapeutes et les travailleurs de première ligne, sont les plus exposés. La dissonance cognitive résultant des transgressions entraîne une sur-responsabilisation interne, des sentiments de honte, de culpabilité et d’anxiété, qui conduisent au repli sur soi et à l’incapacité de se pardonner ou de pardonner aux autres. Il en résulte des symptômes d’évitement, des pensées ou des images intrusives, une rumination des pensées, des intentions et, parfois, des tentatives d’automutilation. Cela peut aller au-delà ou en combinaison avec les symptômes habituels du syndrome de stress post-traumatique et soulever des problèmes de culpabilité, de crise spirituelle, de confiance et d’autodépréciation, qui se traduisent parfois par un discours très négatif sur soi ou par une prise de risque.
Cependant, il est des fois où les symptômes n’atteignent pas les critères requis pour le TSPT.
Quels sont les traitements disponibles?
Les traitements spécifiques qui ont fait leurs preuves incluent la thérapie d’acceptation et
d’engagement, la divulgation adaptative, la thérapie cognitivo-comportementale axée sur le
traumatisme et la thérapie axée sur la compassion.
Dans tous les cas, les meilleures pratiques couvrent plus ou moins les suivantes:
– Une évaluation et une formulation complètes, y compris une évaluation des risques et une
planification de la sécurité si nécessaire.
– Aider les clients à donner un sens à ce qui s’est passé et à identifier le préjudice moral (avec une
exposition à la prévention de la réponse si nécessaire et approprié).
– Améliorer la tolérance et la régulation des émotions, notamment en tolérant les émotions
agréables au lieu de se sentir constamment coupable.
– Soutenir le développement de l’auto-compassion et de la compassion pour les autres.
– Soutenir le réengagement dans des activités agréables ou des loisirs afin de réduire le sentiment
de ne pas mériter les bonnes choses qui arrivent.
– Souligner l’importance et le développement des relations et du soutien social.
– axer la thérapie sur des émotions spécifiques telles que la culpabilité, la honte, l’autocritique et
soutenir l’apprentissage et la pratique de l’autocompassion et de l’auto-empathie.
Vous souhaitez en savoir plus sur la manière d’identifier et d’aider efficacement ou de vous faire aider en cas d’événements entraînant un préjudice moral? Prenez contact à l’addresse suivante: bnibogora@cmaphealth.com.
